Les ateliers sont des groupes de travail animés par des professeurs. Les ateliers de langues ont pour vocation de faire la connaître la culture d’un pays à travers la pratique de sa langue. ; ils requièrent un travail personnel et une volonté de progresser. L’échelle d’évaluation du niveau des ateliers va de 1 (débutants) à 5 (bonne maitrise de la langue, grammaire et vocabulaire). Aucune nouvelle inscription ne peut se faire sans entretien préalable avec le professeur. Les ateliers de littérature, d’histoire des idées et de philosophie s’organisent à partir d’études de textes. ils requièrent un travail personnel mais leur accès est ouvert à tous ceux qui acceptent ce travail quel que soit leur niveau.
(saison 2017-2018)
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| QUAND - Vendredi à 10h (tous les 15 jours)
| OÙ - Salle 405
| QUI - Gérard RAYNAL-MONY
| QUOI - Penser l'histoire, de Herder à Burckhardt
| DATES :
Octobre : 6-20 Novembre : 17 |
Décembre : 1-15 Janvier : 12 - 26 |
Février : 9 Mars : 9 - 23 |
Avril : 6 Mai : 4 - 18 |
Documents complémentaires :
06 octobre : ICI
20 octobre : ICI
17 novembre :ICI
01 décembre :ICI
15 décembe : ICI
12 janvier 2018 : ICI
26 janvier : ICI
9 février : ICI
9 mars : ICI
23 mars : ICI
6 avril : ICI
4 mai : ICI
18 mai : ICI
Les ateliers sont des groupes de travail animés par des professeurs. Les ateliers de langues ont pour vocation de faire la connaître la culture d’un pays à travers la pratique de sa langue. ; ils requièrent un travail personnel et une volonté de progresser. L’échelle d’évaluation du niveau des ateliers va de 1 (débutants) à 5 (bonne maitrise de la langue, grammaire et vocabulaire). Aucune nouvelle inscription ne peut se faire sans entretien préalable avec le professeur. Les ateliers de littérature, d’histoire des idées et de philosophie s’organisent à partir d’études de textes. ils requièrent un travail personnel mais leur accès est ouvert à tous ceux qui acceptent ce travail quel que soit leur niveau.
(saison 2017-2018)
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| QUAND - 2 séances par trimestre à 10h30
| OÙ - Salle 406
| QUI - Jacqueline MAROY
| QUOI - La littérature et l'argent
| DATES :
Octobre : 18 Novembre : 29 |
Décembre : Janvier : 31 |
Février : Mars : 7 |
Avril : 4 Mai : 31 |
Juin : |
Documents complémentaires :
18 octobre : ICI
29 novembre : ICI
31 janvier 2018 : ICI
7 mars : ICI
4 avril : ICI
31 mai : ICI
Textes de la conférence sur Saint-Simon du 3 mars 2015 :ICI
Les ateliers sont des groupes de travail animés par des professeurs. Les ateliers de langues ont pour vocation de faire la connaître la culture d’un pays à travers la pratique de sa langue. ; ils requièrent un travail personnel et une volonté de progresser. L’échelle d’évaluation du niveau des ateliers va de 1 (débutants) à 5 (bonne maitrise de la langue, grammaire et vocabulaire). Aucune nouvelle inscription ne peut se faire sans entretien préalable avec le professeur. Les ateliers de littérature, d’histoire des idées et de philosophie s’organisent à partir d’études de textes. ils requièrent un travail personnel mais leur accès est ouvert à tous ceux qui acceptent ce travail quel que soit leur niveau.
(saison 2017-2018)
NIVEAU 3 - 4
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| QUAND - Jeudi 10h à 11h30
| OÙ - Salle 302
| QUI - Anne BRAUNS
| DATES :
Octobre : 5-12-19 Novembre : 9-16-23-30 |
Décembre : 7-14-21 Janvier : 11 - 18 - 25 |
Février : 1 - 8 - 15 Mars : 8 - 15 - 22 - 29 |
Avril : 5 - 12 Mai : 3 - 17 - 24 -31 |
Les ateliers sont des groupes de travail animés par des professeurs. Les ateliers de langues ont pour vocation de faire la connaître la culture d’un pays à travers la pratique de sa langue. ; ils requièrent un travail personnel et une volonté de progresser. L’échelle d’évaluation du niveau des ateliers va de 1 (débutants) à 5 (bonne maitrise de la langue, grammaire et vocabulaire). Aucune nouvelle inscription ne peut se faire sans entretien préalable avec le professeur. Les ateliers de littérature, d’histoire des idées et de philosophie s’organisent à partir d’études de textes. ils requièrent un travail personnel mais leur accès est ouvert à tous ceux qui acceptent ce travail quel que soit leur niveau.
(saison 2017-2018)
NIVEAU B1*
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| QUAND - Mardi à 10h30
| OÙ - Salle 301
| QUI - Jeanine Guely
| DATES :
Octobre : 11-18 Novembre : 8-15-22-29 |
Décembre : 6-13-20 Janvier : 9 - 16 - 23 - 30 |
Février : 6 - 13 Mars : 6 - 13 - 20 -27 |
Avril : 3 - 10 Mai : 15 - 22 - 29 |
NIVEAU C1*
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| QUAND - Mercredi à 10h30
| OÙ - Salle 301
| QUI - Jeanine Guely
| DATES :
Octobre : 10-17 Novembre : 7-14-21-28 |
Décembre :5-12-19 Janvier : 10 - 17 - 24 - 31 |
Février : 7 - 14 Mars : 7 - 14 - 21 - 28 |
Avril : 4 - 11 Mai : 2 - 9 - 16 - 23 - 30 |
*Echelle du CECR : cadre européen commun de référence pour les langues
Les ateliers sont des groupes de travail animés par des professeurs. Les ateliers de langues ont pour vocation de faire la connaître la culture d’un pays à travers la pratique de sa langue. ; ils requièrent un travail personnel et une volonté de progresser. L’échelle d’évaluation du niveau des ateliers va de 1 (débutants) à 5 (bonne maitrise de la langue, grammaire et vocabulaire). Aucune nouvelle inscription ne peut se faire sans entretien préalable avec le professeur. Les ateliers de littérature, d’histoire des idées et de philosophie s’organisent à partir d’études de textes. ils requièrent un travail personnel mais leur accès est ouvert à tous ceux qui acceptent ce travail quel que soit leur niveau.
(saison 2017-2018)
NIVEAU B2*
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| QUAND - Mercredi 17h30
| OÙ - Salle 301
| QUI - Marie-Angeles VIGNAL
| DATES :
Octobre : 4-11-18 Novembre : 8-15-22-29 |
Décembre : 6-13-20 Janvier : 10 - 17 - 24 - 31 |
Février : 7 - 14 Mars : 7 - 14 - 21 -28 |
Avril : 4 - 11 Mai : 2 - 16 - 23 - 30 |
NIVEAU C2*
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| QUAND - Mercredi à 15h45
| OÙ - Salle 301
| QUI - Marie-Angeles VIGNAL
| Dates :
Octobre : 4-11-18 Novembre : 8-15-22-29 |
Décembre : 6-13-20 Janvier : 10 - 17 - 24 - 31 |
Février : 7 - 14 Mars : 7 - 14 - 21 -28 |
Avril : 4 - 11 Mai : 2 - 16 - 23 - 30 |
*Echelle du CECR : cadre européen commun de référence pour les langues
Les ateliers sont des groupes de travail animés par des professeurs. Les ateliers de langues ont pour vocation de faire la connaître la culture d’un pays à travers la pratique de sa langue. ; ils requièrent un travail personnel et une volonté de progresser. L’échelle d’évaluation du niveau des ateliers va de 1 (débutants) à 5 (bonne maitrise de la langue, grammaire et vocabulaire). Aucune nouvelle inscription ne peut se faire sans entretien préalable avec le professeur. Les ateliers de littérature, d’histoire des idées et de philosophie s’organisent à partir d’études de textes. ils requièrent un travail personnel mais leur accès est ouvert à tous ceux qui acceptent ce travail quel que soit leur niveau.
(saison 2017-2018)
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| QUAND - Mercredi à 10h (tous les 15 jours)
| OÙ - Salle 406
| QUI - Sylvie Petin
| QUOI - L'homme en quête de son identité - Les pensées de Pascal
| DATES :
Octobre : Novembre : 8-22 |
Décembre : 6 Janvier : 17 |
Février : 14 Mars : 14 - 28 |
Avril : 11 Mai : 23 |
Juin : |
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| QUAND - Vendredi à 10h (tous les 15 jours)
| OÙ - Salle 405
| QUI - Sylvie Petin
| QUOI - Même cours que celui du mercredi
| DATES :
Octobre : 13 (les 2 groupes) Novembre : 10-24 |
Décembre : 8 Janvier : 19 |
Février : 16 Mars : 16 - 30 |
Avril : 13 Mai : 25 |
Juin : |
Les ateliers sont des groupes de travail animés par des professeurs. Les ateliers de langues ont pour vocation de faire la connaître la culture d’un pays à travers la pratique de sa langue. ; ils requièrent un travail personnel et une volonté de progresser. L’échelle d’évaluation du niveau des ateliers va de 1 (débutants) à 5 (bonne maitrise de la langue, grammaire et vocabulaire). Aucune nouvelle inscription ne peut se faire sans entretien préalable avec le professeur. Les ateliers de littérature, d’histoire des idées et de philosophie s’organisent à partir d’études de textes. ils requièrent un travail personnel mais leur accès est ouvert à tous ceux qui acceptent ce travail quel que soit leur niveau.
(saison 2017-2018)
NIVEAU A1-A2*
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| QUAND - Mardi, de 10h30 à 12h
| OÙ - Salle 403
| QUI - Martine DIARDÈRE
| QUOI - Remise à niveau
| DATES :
Octobre : 10-17 Novembre : 7-14-21-28 |
Décembre : 5-12-19 Janvier : 9 - 16 23 - 30 |
Février : 6 - 13 Mars : 6 - 13 - 20 - 27 |
Avril 3 -10 Mai : 15 - 22 - 29 |
*Echelle du CECR : cadre européen commun de référence pour les langues
NIVEAU B1-B2-C1*
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| QUAND - Mercredi 13h30
| OÙ - Salle 301
| QUI - Françoise KAHN
| QUOI - Littérature allemande, thèmes actuels
| DATES :
Octobre : 4-18 Novembre : 8- 22 |
Décembre : 6-20 Janvier : 10 - 24 |
Février : 7 Mars : 7 - 21 |
Avril : 4 Mai : 2 - 16 - 30 |
*Echelle du CECR : cadre européen commun de référence pour les langues
Les ateliers sont des groupes de travail animés par des professeurs. Les ateliers de langues ont pour vocation de faire la connaître la culture d’un pays à travers la pratique de sa langue. ; ils requièrent un travail personnel et une volonté de progresser. L’échelle d’évaluation du niveau des ateliers va de 1 (débutants) à 5 (bonne maitrise de la langue, grammaire et vocabulaire). Aucune nouvelle inscription ne peut se faire sans entretien préalable avec le professeur. Les ateliers de littérature, d’histoire des idées et de philosophie s’organisent à partir d’études de textes. ils requièrent un travail personnel mais leur accès est ouvert à tous ceux qui acceptent ce travail quel que soit leur niveau.
(saison 2017-2018)
NIVEAU 3 - B2/B3*
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| QUAND - Mardi à 18h
| OÙ - Salle 301
| QUI - Dominique PILLOIS
| DATES :
Octobre : 10-17 Novembre : 7-14-21-28 |
Décembre : 5-12-19 Janvier : 9 -16 - 23 - 30 |
Février : 6 - 13 Mars : 6 - 13 - 20 -27 |
Avril : 3 - 10 Mai : 15 - 22 - 29 |
NIVEAU 4 - C1*
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| QUAND - Lundi à 17h
| OÙ - Salle 301
| QUI - Jean Kac - Elisa Antoniades
| DATES :
Octobre : 9 -16 Novembre : 6-13-20-27 |
Décembre : 4-11-18 Janvier : 8 - 15 - 22 - 29 |
Février : 5 - 12 Mars : 5 - 12 -19 - 26 |
Avril : 9 - 30 Mai : 7- 14 - 28 |
NIVEAU 5 - C1-C2-C2+*
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| QUAND - Lundi 14h, 15h30 et 17h
| OÙ - Salle 405
| QUI - Geneviève BELLEVAL
| DATES :
Octobre : 9-16 Novembre : 6-13-20-27 |
Décembre : 4-11-18 Janvier : 8 - 15 - 22 - 29 |
Février : 5 - 12 Mars : 5 - 12 -19 - 26 |
Avril : 9 - 30 Mai : 7- 14 - 28 |
*Echelle du CECR : cadre européen commun de référence pour les langues
Forum Universitaire Gérard Raynal-Mony Séminaire 4 Année 2017-2018 1er décembre 2017 Schiller : De l’Histoire universelle Depuis l’instant présent jusqu’au commencement du genre humain se déroule un long fil d’événements qui s’enchaînent comme par des liens de causes à effets. Seul l’entendement infini saurait les apercevoir de manière exhaustive, l’entendement humain est beaucoup plus limité. […] C’est à se demander si notre histoire universelle sera jamais capable de faire autre chose qu’agréger des fragments, et si elle méritera un jour le nom de science. Mais l’entendement philosophique lui vient en aide : en apportant à ces fragments des articulations artificielles, il élève leur agrégat au rang de système, c’est-à-dire qu’il en fait un tout rationnellement cohérent. Et s’il se trouve fondé dans sa démarche par l’identité formelle et par l’unité invariable de toutes les lois de la nature et de l’esprit humain. C’est du fait de cette unité que les événements de la plus haute antiquité se reproduisent, à l’époque moderne, toutes les fois que les circonstances extérieures s’y trouvent réunies de manière similaire, et qu’il est possible, rétrospectivement, d’apporter quelque lumière aux phénomènes qui se perdent dans la nuit des temps, et d’en tirer quelque conclusion à l’aune de ceux qui, bien plus récents, se situent encore dans le champ de nos observations. La méthode qui vise à raisonner par analogie est d’un très grand secours, en histoire comme en toutes matières, mais on ne doit y recourir qu’en vue des fins les plus hautes. Elle ne doit donc jamais être mise en œuvre qu’avec la plus grande précaution et le plus grand discernement. L’esprit philosophique ne saurait s’attarder trop longtemps sur la matière de l’histoire mondiale. Aussi verra-t-on rapidement se mettre en branle, en son sein, une puissante aspiration à la concordance systématique, qui le pousse irrésistiblement à assimiler tout ce qui l’entoure à sa propre nature rationnelle et à conférer, dans cette mesure, la portée la plus haute qu’il reconnaisse à tout phénomène qu’il perçoit, celle de la pensée. Plus il tente d’établir – et parvient effectivement à établir – une relation entre le passé et le présent, plus il est amené à considérer la succession des causes et des effets comme un enchaînement des moyens et des fins. L’un après l’autre, les phénomènes commencent à se soustraire à la contingence, à la liberté sans loi, et à prendre place comme des membres constitutifs au sein d’un tout concordant – lequel n’existe, à vrai dire, que dans sa représentation. Et bientôt c’est à grand-peine qu’il lui faut admettre, que cette succession de phénomènes, à laquelle sa représentation a conféré tant de régularité et d’intentionnalité, est en fait dépourvue de ces qualités dans la réalité. C’est à grand-peine qu’il restitue à l’aveugle empire de la nécessité ce qui commençait tout juste, sous la lumière d’emprunt de l’entendement, à prendre une forme si plaisante. C’est donc à partir de lui-même qu’il tire cette harmonie et la transplante en dehors de lui-même, dans l’ordre même des choses. En d’autres termes, il introduit un dessein rationnel dans la marche du monde, et un principe téléologique dans son histoire universelle. […] Pour autant qu’elle accoutume l’être humain à considérer l’ensemble du passé et à prendre, d’après les conclusions qu’il en tire, les devants sur l’avenir le plus lointain, l’histoire dissimule aux regards la naissance et la mort qui cloisonnent la vie humaine dans des limites si exiguës, si oppressantes. Et par un effet d’optique où elle fait, insensiblement, basculer l’individu dans le domaine de l’espèce, elle ouvre à cette vie humaine des perspectives illimitées. L’être humain se transforme et quitte la scène. Ses opinions se transforment et s’évanouissent avec lui. Seule l’histoire, cette impérissable citoyenne de tous les temps et de toutes les nations, reste campée au beau milieu du théâtre, sans jamais s’en laisser évincer. […] Et si désordonnée que soit la manière dont la liberté humaine semble disposer du cours du monde, c’est en toute sérénité qu’elle en observe le jeu confus. Car son regard pénétrant découvre déjà de très loin, là où cette liberté sans règles, à la dérive, est finalement rattachée à la chaîne de la nécessité. Ce qu’elle dissimule à la conscience punitive d’un Cromwell ou d’un Grégoire, elle se hâte de le révéler à l’humanité : « que l’homme égoïste, tout en fomentant les projets les plus vils, fait toutefois s’en accomplir d’excellents à son insu ». […] Elle nous guérit de l’adulation outrancière de l’antiquité et de la puérile nostalgie des temps révolus. Et en attirant notre attention sur nos biens propres, elle nous épargne de souhaiter le retour des époques magnifiées des Alexandre et des Auguste. Toutes les époques antérieures ont concouru, sans le savoir et sans le vouloir, à l’avènement de notre siècle humain. C’est à nous qu’appartiennent désormais les trésors que l’application, le génie, la raison et l’expérience, tout au long des âges, ont convoqués jusqu’à nous. L’histoire vous apprendra à estimer la valeur des biens que l’habitude et l’assurance de la propriété se plaisent à dérober à notre reconnaissance : des biens précieux et de valeur […] que le dur labeur de nombreuses générations a seul permis de conquérir ! Schiller, Que signifie l’histoire universelle et à quelle fin l’étudier ? (Discours inaugural du 26 mai 1789, Université d’Iéna) trad. M. Methling, Editions de l’Epervier, 2010 |
Forum Universitaire Jacqueline Maroy Année 2017-2018 Textes de la séance du 29 novembre 2017 1 .Marcel Proust À l’ombre des jeunes filles en fleurs Pléiade page 88 Une après-midi de grande chaleur j’étais dans la salle à manger de l’hôtel qu’on avait laissée à demi dans l’obscurité pour la protéger du soleil en tirant des rideaux qu’il jaunissait et qui par leurs interstices laissaient clignoter le bleu de la mer, quand, dans la travée centrale qui allait de la plage à la route, je vis, grand, mince, le cou dégagé, la tête haute et fièrement portée, passer un jeune homme aux yeux pénétrants et dont la peau était aussi blonde et les cheveux aussi dorés que s’ils avaient absorbé tous les rayons du soleil. Vêtu d’une étoffe souple et blanchâtre comme je n’aurais jamais cru qu’un homme eût osé en porter, et dont la minceur n’évoquait pas moins que le frais de la salle à manger la chaleur et le beau temps du dehors, il marchait vite. Ses yeux, de l’un desquels tombait à tout moment un monocle, étaient de la couleur de la mer. Chacun le regarda curieusement passer, on savait que ce jeune marquis de Saint-Loup-en-Bray était célèbre pour son élégance. Tous les journaux avaient décrit le costume dans lequel il avait récemment servi de témoin au jeune duc d’Uzès, dans un duel. Il semblait que la qualité si particulière de ses cheveux, de ses yeux, de sa peau, de sa tournure, qui l’eussent distingué au milieu d’une foule comme un filon précieux d’opale azurée et lumineuse, engainé dans une matière grossière, devait correspondre à une vie différente de celle des autres hommes. Et en conséquence, quand avant la liaison dont Mme de Villeparisis se plaignait, les plus jolies femmes du grand monde se l’étaient disputé, sa présence, dans une plage par exemple, à côté de la beauté en renom à laquelle il faisait la cour ne la mettait pas seulement tout à fait en vedette, mais attirait les regards autant sur lui que sur elle. À cause de son « chic », de son impertinence de jeune « lion », à cause de son extraordinaire beauté surtout, certains lui trouvaient même un air efféminé, mais sans le lui reprocher, car on savait combien il était viril et qu’il aimait passionnément les femmes. C’était ce neveu de Mme de Villeparisis duquel elle nous avait parlé. Je fus ravi de penser que j’allais le connaître pendant quelques semaines et sûr qu’il me donnerait toute son affection. Il traversa rapidement l’hôtel dans toute sa largeur, semblant poursuivre son monocle qui voltigeait devant lui comme un papillon. Il venait de la plage, et la mer qui remplissait jusqu’à mi-hauteur le vitrage du hall lui faisait un fond sur lequel il se détachait en pied, comme dans certains portraits où des peintres prétendent sans tricher en rien sur l’observation la plus exacte de la vie actuelle, mais en choisissant pour leur modèle un cadre approprié, pelouse de polo, de golf, champ de courses, pont de yacht, donner un équivalent moderne de ces toiles où les primitifs faisaient apparaître la figure humaine au premier plan d’un paysage. Une voiture à deux chevaux l’attendait devant la porte ; et tandis que son monocle reprenait ses ébats sur la route ensoleillée, avec l’élégance et la maîtrise qu’un grand pianiste trouve le moyen de montrer dans le trait le plus simple, où il ne semblait pas possible qu’il sût se montrer supérieur à un exécutant de deuxième ordre, le neveu de Mme de Villeparisis, prenant les guides que lui passa le cocher, s’assit à côté de lui et tout en décachetant une lettre que le directeur de l’hôtel lui remit, fit partir les bêtes. 2 Marcel Proust Du côté de Guermantes Pléiade page 705 « Dès qu'il entra dans la grande salle, Robert de Saint-Loup monta légèrement sur les banquettes de velours rouge qui en faisaient le tour en longeant le mur et où en dehors de moi n'étaient assis que trois ou quatre jeunes gens du Jockey. Entre les tables, des fils électriques étaient tendus à une certaine hauteur; sans s'y embarrasser Saint-Loup les sauta adroitement comme un cheval de course un obstacle; confus qu'elle s'exerçât uniquement pour moi et dans le but de m'éviter un mouvement bien simple, j'étais en même temps émerveillé de cette sûreté avec laquelle mon ami accomplissait cet exercice de voltige; et quand Saint-Loup, ayant à passer derrière ses amis, grimpa sur le rebord du dossier et s'y avança en équilibre, des applaudissements discrets éclatèrent dans le fond de la salle. Enfin arrivé à ma hauteur, il arrêta net son élan avec la précision d'un chef devant la tribune d'un souverain, et s'inclinant, me tendit avec un air de courtoisie et de soumission le manteau de vigogne, qu'aussitôt après, s'étant assis à côté de moi, sans que j'eusse eu un mouvement à faire, il arrangea, en châle léger et chaud, sur mes épaules. » 3--Émile Zola l’Argent Pocket page 68 Ce fut justement à l’occasion de l’Œuvre du Travail que Saccard fit la connaissance de la princesse d’Orviedo. Il était un des propriétaires du terrain qu’elle acheta pour cette œuvre, un ancien jardin planté de beaux arbres, qui touchait au parc de Neuilly et qui se trouvait en bordure, le long du boulevard Bineau. Il l’avait séduite par la façon vive dont il traitait les affaires, elle voulut le revoir, à la suite de certaines difficultés avec ses entrepreneurs. Lui-même s’était intéressé aux travaux, l’imagination prise, charmé du plan grandiose qu’elle imposait à l’architecte : deux ailes monumentales, l’une pour les garçons, l’autre pour les filles, reliées entre elles par un corps de logis, contenant la chapelle, la communauté, l’administration, tous les services ; et chaque aile avait son préau immense, ses ateliers, ses dépendances de toutes sortes. Mais surtout ce qui le passionnait, dans son propre goût du grand et du fastueux, c’était le luxe déployé, la construction énorme et faite de matériaux à défier les siècles, les marbres prodigués, une cuisine revêtue de faïence où l’on aurait fait cuire un bœuf, des réfectoires gigantesques aux riches lambris de chêne, des dortoirs inondés de lumière, égayés de claires peintures, une lingerie, une salle de bains, une infirmerie installées avec des raffinements excessifs ; et, partout, des dégagements vastes, des escaliers, des corridors, aérés l’été, chauffés l’hiver ; et la maison entière baignant dans le soleil, une gaieté de jeunesse, un bien-être de grosse fortune. Quand l’architecte, inquiet, trouvant toute cette magnificence inutile, parlait de la dépense, la princesse l’arrêtait d’un mot : elle avait eu le luxe, elle voulait le donner aux pauvres, pour qu’ils en jouissent à leur tour, eux qui font le luxe des riches. Son idée fixe était faite de ce rêve : combler les misérables, les coucher dans les lits, les asseoir à la table des heureux de ce monde, non plus l’aumône d’une croûte de pain, d’un grabat de hasard, mais la vie large au travers de palais où ils seraient chez eux, prenant leur revanche, goûtant les jouissances des triomphateurs. Seulement, dans ce gaspillage, au milieu des devis énormes, elle était abominablement volée ; une nuée d’entrepreneurs vivaient d’elle, sans compter les pertes dues à la mauvaise surveillance ; on dilapidait le bien des pauvres. Et ce fut Saccard qui lui ouvrit les yeux, en la priant de le laisser tirer les comptes au clair, absolument désintéressé d’ailleurs, pour l’unique plaisir de régler cette folle danse de millions qui l’enthousiasmait. Jamais il ne s’était montré si scrupuleusement honnête. Il fut, dans cette affaire colossale et compliquée, le plus actif, le plus probe des collaborateurs, donnant son temps, son argent même, simplement récompensé par cette joie des sommes considérables qui lui passaient entre les mains. 4- Balzac Le cousin Pons « Depuis le jour où, par un mot plein d’or, Rémonencq avait fait éclore dans le cœur de cette femme un serpent contenu dans sa coquille pendant vingt-cinq ans, le désir d’être riche, cette créature avait nourri le serpent de tous les mauvais levains qui tapissent le fond des cœurs, et l’on va voir comment elle exécutait les conseils que lui sifflait le serpent. » 5-Stefan Zweig Le joueur d’échecs Stock page 62
6- Pascal Pensées Brunschvicg 139 Quand je m’y suis mis quelquefois à considérer les diverses agitations des hommes et les périls et les peines où ils s’exposent dans la Cour, dans la guerre, d’où naissent tant de querelles, de passions, d’entreprises hardies et souvent mauvaises, etc., j’ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. Un homme qui a assez de bien pour vivre, s’il savait demeurer chez soi avec plaisir, n’en sortirait pas pour aller sur la mer ou au siège d’une place. On n’achète une charge à l’armée si cher, que parce qu’on trouverait insupportable de ne bouger de la ville. Et on ne recherche les conversations et les divertissements des jeux que parce qu’on ne peut demeurer chez soi avec plaisir. Mais quand j’ai pensé de plus près et qu’après avoir trouvé la cause de tous nos malheurs j’ai voulu en découvrir la raison, j’ai trouvé qu’il y en a une bien effective et qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misérable que rien ne peut nous consoler lorsque nous y pensons de près. Quelque condition qu’on se figure, où l’on assemble tous les biens qui peuvent nous appartenir, la royauté est le plus beau poste du monde. Et cependant, qu’on s’en imagine accompagné de toutes les satisfactions qui peuvent le toucher. S’il est sans divertissement et qu’on le laisse considérer et faire réflexion sur ce qu’il est, cette félicité languissante ne le soutiendra point. Il tombera par nécessité dans les vues qui le menacent des révoltes qui peuvent arriver et enfin de la mort et des maladies, qui sont inévitables. De sorte que s’il est sans ce qu’on appelle divertissement, le voilà malheureux, et plus malheureux que le moindre de ses sujets qui joue et qui se divertit. De là vient que le jeu et la conversation des femmes, la guerre, les grands emplois sont si recherchés. Ce n’est pas qu’il y ait en effet du bonheur, ni qu’on s’imagine que la vraie béatitude soit d’avoir l’argent qu’on peut gagner au jeu ou dans le lièvre qu’on court, on n’en voudrait pas s’il était offert. Ce n’est pas cet usage mol et paisible et qui nous laisse penser à notre malheureuse condition qu’on recherche ni les dangers de la guerre ni la peine des emplois, mais c’est le tracas qui nous détourne d’y penser et nous divertit. |